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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
29 février 2012

Souviens-toi l'hiver dernier

Il y a quelques jours, nous lancions la rubrique Boîte à Souvenirs, déflorée par un de nos lecteurs et contributeur pour l’occasion. L’idée, pour ceux qui n’auraient pas suivi, est de conter un souvenir sportif, le genre que l’on garde bien ancré dans sa mémoire, et dont on connait par cœur le moindre détail. En tant qu’acteur, Adrien nous racontait alors son meilleur moment de sport, une finale de rugby à XIII. Mais en relisant cela, je me suis fait une réflexion. Des souvenirs d’instants sportifs, on en a tous quelques uns en mémoire mais ils ne sont pas tous forcément agréables, et c’est d’ailleurs souvent ceux-là dont on se rappelle le mieux. Du coup, j’ai décidé de remplir cette fois la boîte d’un souvenir encore douloureux pour beaucoup d’amateur de rugby français. Bon rassurez-vous il ne s’agit pas de France-Irlande ou Nouvelle-Zélande-France, la date de prescription pour aborder ce genre d’évènements n’étant pas encore atteinte. Non ici, je vais vous conter une des pages les plus sombres de l’ère Lièvremont. Ou du moins l’une des plus humiliantes…

Ce moment peu agréable, j’y ai repensé en réalité en m’installant devant le match Irlande-Italie du tournoi des VI Nations 2012, une tasse de café à la main. Un match de rugby et un café, étrange non ? Pas tant que ça car depuis environ un an mes chers collègues rédacteurs (FM et MLF) et moi-même ne pouvons plus boire de bières devant une rencontre de l’Italie. La faute à ce foutu traumatisme une après-midi de mars. Mais laissez-moi planter le décor pour mieux comprendre.

L’histoire se déroule donc au mois de mars 2011 à Londres. A cette période, FM et moi résidions dans la capitale anglaise pour raisons professionnelles dirons nous. La fin de semaine étant officiellement arrivée, nous décidons de nous retrouver pour fêter ça dans un pub de la banlieue Sud-Est (New Cross pour les connaisseurs) dans lequel nous profitons allègrement de la réduction étudiante sur les alcools et d’un burger aux oignons grillés que nous ne saurions que trop vous conseiller tant pour son prix que pour son goût délicieusement envoûtant. Mais passons les considérations culinaires. Dans l’enthousiasme général la soirée se prolonge un peu plus que nous l’aurions imaginé et nous rentrons finalement à une heure avancée de la nuit nous reposer en prévision de la journée du lendemain.

Forcément, le réveil est un poil compliqué et le long voyage en bus vers le centre-ville se révèle être une véritable épreuve pour nous. Mais pas le temps de s’apitoyer sur notre sort (faut dire qu’on l’a un peu cherché) parce que ce jour là nous avons rendez-vous avec MLF et un quatrième larron pour des retrouvailles en terre britannique. La célèbre chaîne multinationale de cafés a beau servir des demi-litres de boisson, rien n’y fait et la journée s’annonce réellement compliquée. Mais nous n’imaginions pas encore à quel point.

Après avoir arpenté pendant quelques heures le pavage façon Thriller, nous décidons d’arrêter notre vagabondage devant le fameux Sports Café. L’idée est évidemment de redonner un caractère jovial à ce samedi en sirotant quelques pintes devant une évidente victoire de l’équipe de France de Rugby en Italie. L’occasion de fanfaronner aussi un petit peu parce que deux semaines plus tôt, le XV de la Rose nous avait infligé la première défaite du tournoi et que cela avait plutôt amusé les sujets de Sa Majesté, jamais rassasié quand il s’agit de nous chambrer. Nous détester est d’ailleurs un des liens les plus forts entre tous les Britanniques. C’est dire… Mais peu importe, aujourd’hui les Italiens seront les victimes collatérales d’un affrontement franco-britannique.

Ravis de ce bon moment qui s’annonce, au beau milieu de quelques dizaines de rosbifs, nous commandons la première carafe de bière à l’annonce des compositions. Ce qui intéresse vraiment les autochtones, c’est surtout le match qui suivra deux heures plus tard, Galles-Irlande, et grâce à cela nous pouvons même nous payer le luxe d’occuper une table juste devant l’écran géant. Parés pour la correction…

La rencontre débute donc et alors que nous n’avons pas encore englouti le premier verre, Bergamasco permet déjà à l’Italie de prendre l’avantage. Pas bien grave, pense-t-on, une petite pénalité de retard qui va nous permettre de rentrer dans le match. Le temps passe et, persuadés de la victoire, nous entamons même une partie de billard avec FM gardant un œil distrait sur le score. Pas vraiment de suffisance, mais on n’imagine pas un instant l’issue finale. D’ailleurs après un quart d’heure, le fils que toute mère rêverait d’avoir va inscrire son essai syndical. Parra ne transforme pas mais qu’importe nous avons pris l’avantage. Rassurez, nous pouvons nous permettre de rire un peu plus fort tout en prenant soin de nous exprimer en français, d’autant plus que quelques instants après, le demi de mêlée tricolore rajoute trois points. L’ailier italien aura beau y aller de sa pénalité, nous arrivons jusqu’au coup de sifflet avec deux points d’avance après un premier acte brouillon, un premier acte Lièvremont. Saluant le panache de l’équipe de Nick Malett et les failles des Bleus, MLF s’empresse de faire le plein pour tout le monde. Du côté du billard, notre niveau Moyen - ne nous a pas permis de faire plus d’une partie et nous rejoignons donc la table de plus en plus entourée de spectateurs au teint rougeâtre et aux gros bras remplis de tatouages. Ils sont donc là pour le match à venir.

Tant mieux parce qu’ils vont pouvoir nous entendre saluer la victoire française qui se dessine. Peu après la reprise, et malgré le peu d’amour que nous avons pour lui, Morgan Parra inscrit une pénalité puis un essai qu’il transforme lui-même, que nous célébrons comme il se doit. Nous somme français, et désormais tout le premier étage du bar est au courant ! Et bien comme dirait l’autre, il y a des moments où il faut savoir la fermer. Surtout lorsque l’on est six au milieu d’une population totalement hostile. Masi répond à Parra grâce à un essai qui vient encore une fois illustrer les lacunes défensives françaises. Alors forcément, les Anglais applaudissent. Puis Bergamasco (encore lui !) ramène les siens à deux points encore une fois et l’on tente tant bien que mal de se cacher derrière notre carafe de bière pour éviter les sourires moqueurs. D’ailleurs lorsque Parra redonne cinq points d’avance à un quart d’heure de la fin, nos démonstrations de joie se font plus discrètes. Faut dire que la version bodybuildée de Robbie Williams plantée en face de moi m’invite à la prudence.

Enfin, ce que nous n’aurions pas imaginer commence à prendre forme. Il reste dix minutes à jouer et ces foutus Italiens recollent à nouveau. Sous le choc, nous laissons nos verres se réchauffer plus que de raison. Mais qu’importe, l’envie n’y est plus et l’on se concentre sur l’écran. Et puis… Et puis à cinq minutes de la fin ce qui devait arriver arriva. Pénalisé dans notre camp, nous offrons aux Italiens l’occasion de prendre l’avantage. Ce dont ils ne se privent pas évidemment. Les spectateurs anglais sont fous de joie et hurlent comme si leur XV venait de remporter une Coupe du Monde, tandis qu’autour de moi les têtes se baissent. FM finira même par fixer ses chaussettes jusqu’au coup de sifflet final, déjà convaincu de l’issue peu favorable de la rencontre. Le silence qui règne à la table contraste avec les applaudissements et les rires du bar, ravi de s’offrir une telle mise en bouche avant l’affrontement Galles-Irlande. Pour nous, un sentiment de honte, et des verres que nous laisserons à moitié plein avant de repartir penauds vers nos chaumières respectives, nos éventuelles envies de sortir sur la capitale douchées par cette cruelle défaite. Plus tard, Maxime Medard résumera plutôt bien le sentiment qui nous habite alors. L’impression d’avoir pris une déculottée historique marquée au fer rouge dans nos mémoires. Avez-vous déjà rêvé qu’un matin vous partiez pour le collège en pyjama et que vous vous en rendiez compte dans la cour de récréation devant une centaine d’élèves hilares ? Voilà plus ou moins notre sensation. Avec en plus le développement d’une incapacité chronique à associer bière et Italie.


Italie vs France 22-21 Tournoi des 6 Nations 2011 Highlights

 

SK, exorcisant ses démons.

 

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