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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
2 juin 2012

La toute première fois

Vous commencez à la connaître cette rubrique, et si ce n’est pas le cas, laissez moi vous rafraîchir rapidement la mémoire. Dans la Boîte à Souvenirs, on y trouve comme son nom l’indique les souvenirs de quelques moments qui resteront gravés pour un bon bout de temps dans nos têtes. Et comme chez Keposport, nous parlons de sport (là aussi, y’a pas de piège) ces histoires content évidemment des évènements sportifs que nous avons vécu, en tant que joueur ou spectateur, mais qui gardent pour nous une saveur toute particulière. Soit parce que ce sont les premiers, les plus beaux, les plus intenses, les plus durs à ressasser, ou pour tout autre raison, mais ces souvenirs, difficiles de s’en défaire. Et bien pour une dernière fois, et après deux collaborateurs que nous remercions, j’ai décidé de rouvrir cette boite pour en tirer un souvenir à vous raconter parce qu’il reste particulièrement fort malgré les années qui passent. On n’est pas si vieux que ça à la rédac’, mais les décennies commencent à s’additionner et certaines mémoires nous reviennent avec nostalgie, un peu poussiéreuses mais toujours agréables à se repasser. Et bien justement pour cette dernière de la Boite à Souvenirs, j’ai décidé de vous présenter mon premier souvenir sportif qui colle bien avec le contexte actuel de phases finales en rugby: la toute première finale de H Cup, opposant le Stade Toulousain à Cardiff au début de l’année 1996.

Lorsque nous avons discuté de la création de cette rubrique durant une conférence de rédaction Keposport, sur un canapé autour d’une pizza, nous avons chacun évoqué nos différents souvenirs sportifs et leur capacité à répondre aux critères de cette nouvelle section du blog. Alors évidemment, il y a la mémoire récente, du match de la veille ou de la semaine passée. Mais dans 99,9% des cas, on en aura oublié jusqu’au score dans quelques jours (surtout quand il s’agit de Ligue 1). Dans la catégorie supérieure, il y a les gestes mémorables. Très souvent, on ne souvient pas vraiment du contexte, soit parce qu’il n’était pas décisif, soit parce que la rencontre en elle-même ne fut pas un moment d’anthologie. Ainsi, on se rappelle tous de la chistera de Jean-Baptiste Elissalde qui s’envole et traverse tout le terrain dans sa largeur pour atterrir exactement dans les bras d’un joueur français. Pleurez à la lecture de ces lignes, cela vous fera du bien et en attendant que vous séchiez vos larmes, je vous informe que ce chef d’œuvre a eu lieu en 2007 durant la Coupe du Monde face à l’Angleterre. De la même manière, on se souvient pêle-mêle de l’arrêt scorpion de René Higuita (et parfois on n’oublie même le nom de ce gardien) ou du service à la cuillère de Michael Chang. Puis enfin viennent ce que l’on appelle les souvenirs durables, ces images d’un match de légende qui restera gravé dans notre mémoire tant par son intensité, son importance, son dénouement que par le contexte dans lequel on l’a vécu.

Alors j’ai fait la liste, j’ai identifié les mauvais, les désagréables, les quelques plus forts, les plus agréables puis aussi les plus anciens pour remonter le temps. Je me suis arrêté en 2003 pour revoir la finale de Roland-Garros de Juan-Carlos Ferrero, devenu mon chouchou depuis sa défaite l’année passée face à Costa. D’ailleurs de cette finale victorieuse je ne m’en souviens pas très bien et encore moins de ce pauvre Martin Verkerk qui signait apparemment là sa plus belle performance avant de retomber dans l’anonymat. A l’époque les Moya, Coria (le petit chat) ou Safin m’offrait déjà de beaux mois de Juin devant Roland Garros. Du coup, je suis reparti légèrement en arrière sans changer d’endroit, pour retomber en 2000. Alors que la France jubilait près de la porte d’Auteuil, tombée amoureuse de ce sympathique Guga traçant des cœurs dans la terre battue, moi je pleurais seul du (pas très) haut de mes 12 ans, la défaite de mon favori de l’époque, le Suédois Magnus Norman. Il y a des attachements comme cela qui ne s’expliquent pas, mais ce fut en tout cas peut-être le premier « mauvais » souvenir de sport même s’il reste encore aujourd’hui très précis. Autant vous dire que je l’ai sacrément vengé après mon Magnus sur Virtua Tennis deuxième du nom, même si le carioca ne figurait pas au crédit du jeu. Mais laissons un peu de côté la balle jaune pour revenir encore plus loin dans le temps. Il y a eu bien sûr quasiment au même moment la victoire à l’Euro de football et deux ans plus tôt celle en Coupe du Monde dont toute personne un peu plus que majeure aujourd’hui doit se souvenir. Mais si les klaxons, les gens dans les fontaines, et le collier ras de cou de Zinédine Zidane ou Fabien Barthez à gagner dans les paquets de Kellogg’s ça doit bien vous rappeler quelque chose.

Mais trop facile à vous raconter. Et puis surtout, ce n’était pas tout à fait mon premier souvenir marquant dans le monde du sport. Non, le premier, comme un symbole, il se déroulait sur le sol toulousain pour moi et impliquait évidemment le Stade Toulousain, déjà fort populaire à l’époque. Et d’ailleurs du match en lui-même, du déroulement de la rencontre, je n’en ai pas grand souvenir. Dans l’équipe il y avait évidemment Thomas Castaignède (j’avais déjà à l’époque une certaine affection pour les petits gabarits qui brillaient), Emile N’Tamack et contrairement à ce que veut me faire croire ma mémoire, pas encore Michel Marfaing.  Les « gros » n’étaient pas encore vraiment dans la lumière (et toujours pas tellement aujourd’hui, moins photogénique diront les mauvaises langues) mais mon père me parlait souvent de ce sacré Califano. Voilà pour la revue des troupes côté Rouge et Noir, en tout cas ce dont je me souviens. Pour les adversaires, je n’en savais foutrement rien, et à vrai dire ça m’allait bien comme ça. Pour un rapide historique, Castres, Bègles et quelques autres équipes italiennes, roumaines ou britanniques (excepté l’Ecosse et l’Angleterre) avaient participé à cette première édition à 12. Et le Leinster était déjà là.
D’ailleurs en 1996, le rugby je ne m’y intéressais pas spécialement, à l’exception de quelques bribes de discussions écoutées au détour d’un repas dominical. Mais pour la première finale européenne de l’histoire, la mairie avait décidé de projeter le match sur grand écran, déjà sur la place du Capitole à l’époque, tradition qui a perduré depuis (et probablement pas une invention toulousaine). Du coup, mon père m’a amené voir ça et partager ce moment avec plusieurs dizaines de milliers de toulousains (selon la police et les syndicats, environ 30000 lors des dernières finales du Stade). Il y a 16 ans, la Ville Rose affichait un joli thermostat pour un mois de Janvier, la finale s’étant jouée le 7 Janvier, et le rassemblement de supporters participait à réchauffer la température ambiante. Perché sur des épaules, je me souviens cependant de ce maillot qui rappelait étrangement le logo d’une banque (très) chère à Jérôme Kerviel (à tel point que je me suis toujours demandé si l’entreprise était originaire de Toulouse), maillot rentré dans le short lui-même remonté par-dessus le nombril. Je me souviens aussi de la voix du célèbre Pierre Salviac qui animait généralement les soirées rugby. Le scénario de la rencontre fut tendu, crispant et a probablement contribué à l’ambiance incroyable sur cette place du centre ville. Pour les faits de match, je vous laisse ce résumé vidéo, à coup sûr plus précise que mes vagues et brumeux souvenirs.

Mais ce que je retiens surtout, c’est la communion qui a pu exister autour de cet évènement sportif et la chance d’avoir pu y prendre part, surtout après la victoire toulousaine en prolongations, libérés par une pénalité de Christophe Deylaud. Conscients de vivre un moment historique, une première Coupe d’Europe, les gens ont vibré comme jamais et se sont retrouvés alors qu’ils ne se connaissaient pas quelques heures auparavant. Un inconscient, probablement pas du coin, avait même espéré pouvoir traverser en voiture cette place noire de monde et jamais évidente pour les véhicules même en temps normal. Fous de joie, peut-être imbibés et amusés, des gens présents avaient secoué la pauvre auto avant de la soulever pour lui faire faire demi-tour. Surprenant lorsque l’on n’a pas encore dix ans. Toujours du haut des épaules de mon père, j’avais alors continué de vivre encore un peu cette douce folie à travers les rues de la ville, me délectant des klaxons, des drapeaux et des gens s’enlaçant, témoin à chaque mètre de scènes ahurissantes mais appartenant au décor comme ce bonhomme qui avait sorti sa table de camping et disposait dessus quelques canettes de bière à vendre à côté de ses quelques pains de résine de cannabis (je comprendrais plus tard) en vente libre pour l’occasion. Et en y repensant maintenant, ce dont je garde le souvenir le plus précis, c’est cette émotion, cette émulation et cette communion qu’a pu créer un simple évènement sportif, rassemblant des gens totalement inconnus, des choses que l’on arrive finalement à revivre ensuite, à chaque finale et encore l’an dernier comme le contait en direct FM pour la conquête du Bouclier.

 

SK

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