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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
17 octobre 2012

La Grosse Enquête

Depuis quelques temps, la planète sport est secouée par de nombreux scandales qui éclosent les uns après les autres. Des rencontres arrangées, des paris truqués, des coureurs dopés et même des juges corrompus. Pour faire simple, c’est à qui s’offrira le plus bel esclandre. Pour les journalistes, il n’y a plus qu’à se baisser pour ramasser du sujet brûlant qui fera l’actualité, ce qui est rarement du goût de tout le monde, à commencer par les personnes impliquées. Alors chez Keposport, pour éviter que l’on nous traite d’arrivistes, nous avons choisi de vous révéler l’affaire avant même qu’elle ait eue lieu ! Voici donc le compte-rendu de notre petit tour dans le futur.

Il est 22h40 lorsque mon téléphone retentit pour la première fois. Je ne décroche pas, effrayé par la distance qui sépare mon canapé du combiné. Mais le bougre insiste, et rappelle. Une personne qui prend la peine d’appeler deux fois et à une telle heure, cela doit être important et je choisis de décrocher. L’homme reste mystérieux, se présente comme étant un certain Patrick M. et m’assure vouloir rester anonyme. Pourtant sa voix me dit quelque chose, mais il est pressé, débite un flot de paroles surprenant et m’assure avoir des révélations à me faire.

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« J’ai vu votre statut Facebook publié hier. Je sais que vous savez. Je dois tout vous dire. »

 

Après avoir refusé de me dévoiler comment il avait obtenu mon numéro, il débute son récit. Tout commence dans un bar parisien, un samedi de Mars. Un homme équipé de béquilles est accoudé au comptoir avec à ses côtés une blonde au physique d’allemande de l’Est. Le couple discute à demi-mots avec celui qui semble être le gérant du bar pendant quelques instants, puis échange avec lui une enveloppe que le patron examine immédiatement. Quelques instants après, le bar se vide à nouveau et retrouve son calme. Mais la scène est peu ordinaire et n’aura pas échappée aux quelques habitués présents ce jour-là. Ils pensent avoir reconnu les deux individus et leurs soupçons sont vite confirmés lorsque le patron leur confie qu’ils sont venus parier sur le résultat d’une rencontre de Top 14.

A ce moment là, et comme chaque année, le Stade Toulousain continue son bonhomme de chemin en championnat et s’apprête à rencontrer le Racing Metro à Colombes avant une rencontre de H Cup face au Biarritz Olympique. Le club visiteur est déjà assuré de participer aux phases finales, au contraire des locaux qui ont encore besoin de quelques points pour accrocher une des dernières places.

Très vite, les soupçons font place aux certitudes dans le troquet lorsque la belle Isabelle présente les protagonistes de la rencontre à venir pour le compte d’une chaine cryptée. Pour les clients, aucun doute, un chanteur de rap français accompagné de sa bimbo vient de converser avec le patron. Mais la vérité est tout autre. Les deux individus ne sont autres que Benjamin Fall, qui se remet doucement de sa 15ème opération du genou et Dimitri Szarzewski, tous deux joueurs du Racing Metro 92. Ils sont venus miser un beau pactole sur une victoire des ciel et blanc face à l’ogre toulousain, impressionnant de maitrise ces dernières semaines contrairement aux hommes de Berbizier, en plein doute.

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"un chanteur de rap français accompagné de sa bimbo vient de converser avec le patron."

Il ne faut donc pas chercher bien loin pour comprendre ce qui se trame en coulisses. D’un côté, une équipe qui joue à domicile face à ses 12 spectateurs et qui a cruellement besoin de points. De l’autre, une écurie en pleine bourre qui apprécierait de pouvoir se reposer avant une grosse échéance à venir. L’équation est simple. Du moins c’est ce que l’on pense à ce moment là de l’affaire.

Fier défenseur des valeurs de l’Ovalie, pourfendeur de l’injustice et amateur de saucisson à l’ail, l’un des clients du bar n’écoute que son courage et décide alors de me contacter. Il m’explique être lassé, fatigué de tout ce déchainement et du tourbillon médiatique qui entoure le sport mais que sa conscience journalistique l’a poussé à ne pas garder ces terribles révélations pour lui. Ravi d’avoir été perçu comme le porte-parole de la vérité, je décide alors de creuser un peu plus lorsque j’apprends le résultat de la rencontre : une victoire bonifiée pour les Racingmen.

Mon premier réflexe est d’enquêter directement à la source. Le rugby est un monde d’amitié et de partage, et j’imagine que je n’aurai aucun mal à connaitre les tenants et les aboutissants de cette affaire qui n’est certainement qu’un quiproquo. Mais je déchante rapidement. Lorsque je tweete Jean-Baptiste Elissalde pour lui demander quelques explications, il réplique immédiatement en demandant à tous ses followers de zapper Keposport. Le coup est rude à encaisser pour la rédaction puisque de très peu de followers nous passons à moins que zéro en quelques minutes. Mais nous avons mis le doigt dans l’engrenage et nous ne pouvons plus faire machine arrière. Il nous faut désormais aller au bout de cette enquête !

 

« Allo Serge ? C’est Jacky. »

Quelques jours plus tard, un mystérieux inconnu aux lunettes noires m’invite à partager un kebab sur le port de Toulon. Il me dit tout savoir sur la théorie du complot et emploie des mots comme arbitre, thalasso et d’autres que je ne peux écrire ici. Abreuvé de ses paroles, je ne me rends pas compte qu’il me laisse régler la note. D’après lui il faut filer avant d’être repéré. Nous n’avons aucun mal à nous extirper de la ville à bord de sa Maserati, et nous atteignons rapidement sa demeure. A peine arrivé, il me propose d’écouter un fichier audio, des écoutes réalisées au Pays Basque selon lui :

« Allo Serge ? C’est Jacky. »

« Hmm. » On entend en fond sonore de forts bruits de mastication.

« Tu es au courant de la combine de Guy ? C’est un coup sûr ? »

« Hmm. »

« C’est quand même du costaud son équipe. Il faut que la performance soit crédible. »

Un énorme rot retentit sur la bande et manque de me crever les tympans. Celui qui se fait appeler Serge s’éclaircit la gorge avant de poursuivre.

« Evidemment que ça sera crédible. J’ai mis Pechambert sur la rencontre. Un malade, mais un type droit dans ses bottes aux yeux de tous. La semaine prochaine, lui et sa petite famille viendront passer un weekend sur la côte basque et profiter des charmes de la région. Il a été immédiatement à l’écoute. »

« Et les joueurs ? »

« Guy a confié tous les lancers en touche à Tolofua, et laisse les clés du camion à Burgess. Vous allez vous régaler. Il a parié un contrat à Kelleher si Toulouse faisait le doublé ! »

« Et toi ? »

« Le weekend d’après, ils nous battent en H-Cup. Ils laissent filer le championnat, et gagnent encore la coupe européenne.  A ce moment-là, je sors l’article 6, alinéa 12, tiret 8 que je viens de soumettre à l’ERC et qui stipule que le club éliminé en ¼ par le futur vainqueur se voit automatiquement qualifié pour la prochaine édition. »

- « Et s’ils ne gagnent pas ? »

« Les joueurs sont chargés comme des mules. Ils vont nous démolir. Hier Huget s’est fait flasher sur le périphérique, à pied, en tentant d’échapper à un contrôleur. Dès le titre en poche, Matanavu l’emmène avec lui aux Fidji pour le planquer. »

Mon hôte stoppe le magnétophone.  J’en sais déjà assez d’après lui. Il m’assure que la suite de la bande n’est que très peu intéressante sauf si je m’intéresse au Top 16. Il a raison, j’en sais déjà beaucoup. Trop même pour un seul homme. Je reste abasourdi. Ce n’est plus un complot mais une réelle mutinerie contre les valeurs de ce sport. Et les responsables ne sont pas ceux que l’on croyait.

Quelques jours après, une enquête est diligentée par la LNR. Enfin le président invite les quelques protagonistes à un diner d’affaire et leur fait comprendre qu’il veut sa part du gâteau. La déception est grande, et même le sourire ravageur de Raphael Ibanez le weekend suivant n’y pourra rien. Ce sport que nous avions tant adulé a lui aussi basculé du côté obscur. Jaloux de ses copains du ballon rond, il voulait son scandale, sa grosse affaire, et bien la voilà.  

 

S.K.

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