La lettre de PSA à la F.F.R.

P. Lagisquet et PSA pendant les debriefs de matchs

Chère F.F.R, honéreuse F.F.R,

Je t’écris cette missive parce qu’après quatre ans de relations communes, j’en ai gros et j’avais besoin de coucher sur le papier, à défaut d’autre chose, mes sentiments. J’aurais pu te dire tout ça de vive voix, mais tu sais que ma voix je la préfère chevrotante et lancinante, peu efficace pour faire passer un message fort, tu en conviens. A ce sujet, je te demande de bien vouloir pardonner l’humidité de ce papier, ce n’est pas dû à mes larmes que je ne t’offrirai guère mais plutôt à la rudesse du climat de mon Auvergne d’adoption.

J’avais envie de t’écrire merci pour ce moment, mais je n’étais apparemment pas le premier cocu. Et pourtant au début j’y ai cru, j’en ai avalé des couleuvres et je me l’étais bien cherché. D’abord quand tu es venu me chercher, me proposer de faire un bout de chemin avec toi et Patrice Lagisquet, je n’ai rien dit et j’ai quitté Toulon qui deviendra triple champion d’Europe… Patrice et moi, deux vainqueurs du Challenge Européen, qu’est ce qu’il pouvait nous arriver ?

Ensuite tu m’as demandé d’organiser un jubilé pour les finalistes du dernier Mondial, et je n’ai encore rien dit. Je les ai même inscrit au tournoi des 6 Nations avec le résultat qu’on connait. Pire, pour ne pas trop les faire passer pour des nazes, on a dû prendre 3 peignées l’année suivante pour être encore plus ridicules...

Mais jusque là, j’ai pris sur moi. Je me rappelle même, pour tenter d’apaiser les 3 clubs fournisseurs de joueurs, tu m’as demandé de diversifier mes sélections. Tu te rends compte, me faire aligner Bastareaud et Dumoulin, quelle souffrance. J’ai été ailier moi, dans les folles années du XV de France et voilà que tu m’ordonnes de cracher sur le rugby. Un peu plus et tu me faisais sélectionner Chouly ! … Ah merde ...

D’ailleurs en parlant du rugby français qui gagne, je voulais te remercier de m’avoir collé un précepteur. Je suis d’accord que l’on me surnommait le Goret et que me voir sous la tutelle de Blanco a dû te faire marrer, pour le jeu de mots, mais quand même. Je me retrouvais avec toute la panoplie biarrote et le succès qu’on lui connait, mais je n’ai encore rien dit...

Par la suite, pour finir de poser ton étron sur le rugby français, tu m’as fait convoquer des Sud Africains. Claassen, Spedding, Kockott, Bastar.. Bref, mon message dans le vestiaire passait de mieux en mieux, je te remercie. Je n’ai rien dit, j’ai même pris Nakaitaci c’est dire si je t’étais fidèle et prêt à tout. Et la stratégie n’était pas totalement dénuée de sens quand on voit le classement de l’Afrique du Sud...

Ah et cette fameuse Coupe du Monde justement. Le paroxysme de mon mandat ! Tu m’avais laissé du temps pour nous préparer en m’imposant tout de même le thème: “Qu’ils tapent sur des peneus et c’est numéro un!” Encore une réussite. Lorsque Tillous-Borde a voulu faire ses lacets son biceps a explosé… Mais j’ai laissé passer encore une fois.

Alors tu dois te demander pourquoi je t’écris tout cela maintenant après quatre ans de silence ? Parce que tu m’as remplacé, par un plus vieux, et plus riche aussi. 4 CE, 10 CdF, sacré compte. Mais je vais te dire, je ne le jalouse même pas, j’ai plutôt de la peine pour cet homme pris dans des filets, malgré les mises en garde de tous ceux qui avant, comme moi maintenant, sont tombés pour toi.