Episode 9 - Gueule de bois

Après un repos mérité, et des fêtes célébrées comme il se doit, il est temps pour l’équipe du Séméac Olympique de retrouver les terrains. Déjà pour éliminer l’excédent de nourriture et de breuvages en tout genre ingurgité durant cette période passée, mais aussi et surtout parce que le championnat reprend ses droits dès le premier dimanche de l’année ! Alors évidemment, on a salué et savouré la qualification en Première Série, mais il va maintenant s’agir d’assumer. Et il fallait au moins ça pour se motiver à enfiler un short un 2 Janvier, croyez-moi ! Après avoir présenté ses vœux à tout le monde, il est donc temps de retrouver le gras terrain qui est le notre pour découvrir l’exercice sadiquement concocté par le duo d’entraineurs. L’entrainement se finit par une opposition durant laquelle nous rejouons une scène déjà culte du rugby français : le tacle glissé de Boyet sur Rougerie. Malheureusement, c’est à moi que revient le rôle du grand blond. Je m’en tire finalement avec une jolie signature sur la cheville, et je peux reprendre le jeu, le temps d’y laisser un t-shirt en lambeaux. Un entrainement efficace diront certains.

Et pour ne pas bouder notre plaisir, nous nous retrouvons également le vendredi, même heure, même port. Enfin, nous essayons de nous retrouver puisqu’un brouillard à couper au couteau s’est abattu sur la ville. L’ambiance est étrange, on se croirait à Gotham City, et de mon aile je n’aperçois pas mon vis-à-vis ce qui est assez perturbant quand l’on veut jouer au rugby. Nous parvenons tout de même à effectuer la mise en place pour dimanche, match déjà crucial. Pour reprendre les mots du coach, nous n’avons plus rien à perdre, mais un beau coup à jouer dans cette Première Série qui débute pour nous avec deux rencontres à domicile. Ca sera d’abord la réception de Plaisance du Gers, club avec lequel nous entretenons quelques inimitiés qui sauront animer le match. Autant dire qu’il faudra leur faire regretter d’avoir franchi la frontière des Hautes-Pyrénées, en réserve comme en équipe fanion. Pour ma part, ça sera l’occasion de proposer une prestation bien meilleure que celle effectuée contre ces mêmes adversaires il y a un mois, toujours à l’aile. Après les derniers réglages et une rapide opposition, nous rentrons au vestiaire en se donnant rendez-vous le dimanche matin, ou tout de suite autour d’un verre d’armagnac pour les quelques participants au traditionnel repas du vendredi soir.

La première bonne nouvelle, c’est qu’il faut de nouveau se lever le tôt le dimanche, notamment pour aller filer un coup de main à l’installation du loto du club. Oui le deuxième de la saison déjà, mais oh, l’argent on le gagne pas en faisant des pipes derrière l’église ! Rendez-vous donc aux alentours de dix heures pour se faire. Et une fois le nez dehors, je constate que le brouillard tombé vendredi ne s’est toujours pas levé. Encore une journée sympa pour les ailiers à n’en pas douter. Il faudra chérir le moindre ballon reçu comme un précieux pour lequel on tuerait père et mère. Mais avant ça, comme dit plus haut, un petit réveil musculaire en soulevant quelques chaises et tables, pour ensuite se retrouver au club pour un réel décrassage.

Mais avant ça, une nouveauté, la séance vidéo. Au menu, décorticage du dernier match, gagné face à Auzan. On y revoit les belles actions, mais aussi les quelques points de vigilance. Bon visiblement, le DVD n’est pas en vente, puis de toute façon, c’est du déjà vu. Du coup, nous enfilons ensuite la tenue pour se retrouver sur le pré et répéter quelques combinaisons. La séance est brève, mais suffisante pour sentir le froid terrible qu’il va falloir affronter pendant deux heures. La température n’aide pas à la mise en place et nous rentrons rapidement à l’appel du ventre. Quelques pâtes à l’huile plus tard, il est temps de monter en tribunes pour observer le match de la réserve, et accessoirement survivre aux conditions climatiques. La première période est bonne, le SO domine mais les visiteurs profitent de deux incursions pour prendre l’avantage au tableau de marque. La suite nous ne la verrons pas puisque il faut rejoindre les vestiaires et rentrer dans le match. La réserve s’inclinera tout de même sur un score qui avoisine les 24-12 environ.

C’est donc à nous d’entrer en piste, et nous rentrons très rapidement dans le vif du sujet. 18 secondes de jeu, et déjà un essai d’encaissé. De quoi réveiller tout le monde. Ensuite on se reprend, et les débats sont un peu plus équilibrés au contraire de certains supporters adverses, toujours aussi brillants. Nous inscrivons d’ailleurs un essai après une belle combinaison qui amène notre 15 sous les perches pour un plongeon télévisuel mais efficace. Malheureusement, un coup de pied contré dans nos 22 permet aux visiteurs d’inscrire un nouvel essai, ce qui nous amène à la pause à 18-7. Rien de dramatique mais une seconde période durant laquelle il faudra être autrement plus appliqué.

Bon sauf qu’en deuxième mi-temps a débuté quelque chose contre lequel nous ne pourrons vraiment pas grand-chose. Le show de M. L’arbitre. Ayant exercé en Fédérale 1, il a voulu nous montrer qu’un arbitre pouvait être autre chose que mauvais. Il peut également être malhonnête. Principal artisan de l’ambiance délétère en seconde période, il a incarné la mauvaise foi. Donc forcément, les décisions contestables et contestées n’aident pas, et les crêpes commencent à tomber, empêchant carrément le jeu de se développer. Les joueurs sont fous, les spectateurs sont fous, et les coachs le deviennent aussi devant une telle prestation. Bilan des courses, deux essais accordés,  entachés de deux en-avants  qu’auraient vus Stevie Wonder. Mais pas l’arbitre, qui nous affirme avec aplomb que les passes sont effectuées vers l’arrière… Il faut cependant reconnaître du mérite aux visiteurs, clairement venus avec des intentions et qui ont fait le boulot. Donc forcément à la fin, ça fait une défaite assez lourde à la maison, 30-7, et un moral légèrement plombé. Mais rien de dramatique puisqu’il reste encore 9 matchs à jouer et de quoi se faire plaisir.

D’ailleurs, passée la déception, tout le monde se retrouve ensuite pour partager quelques mousses et de la ventrèche. Tout le monde ? Non pas l’arbitre, invité à prendre son repas dans une salle annexe histoire d’éviter toute démonstration de gentillesse à son égard et une convocation à la ligue. Ensuite, il est temps de rentrer chez soi et de se donner rendez-vous dès mercredi puisque le calendrier infernal nous prévoit des matchs pour tout le mois de Janvier. Il ne reste plus qu’à espérer que le froid soit plus supportable qu’aujourd’hui.

S.K