Lettre ouverte au TFC

Parfois il y a des choses que l’on supporte, des mois et des mois durant, parfois des années sans rien dire, sans broncher. Puis un jour, ce poids devient trop lourd à porter et il est alors temps de tout déballer, de vider son sac. S.K en avait gros sur la patate, et a des choses à dire au Toulouse Football Club. Il a donc couché sur le clavier ses sentiments.

“On en a gros !”

Cher TFC,

On se connait depuis un bout de temps maintenant tous les deux. Enfin c’est surtout moi qui te connais, mais bref, passons. Toutes proportions gardées du fait de mon âge, je suis un fan de la première heure, et pour moi cette première heure c’est celle des maillots Sud Radio puis Nicopatch, celle d’Ocokoljic, Revault et Fauré. Pas un fan inCONditionnel à me tatouer ton nom sur le bras, non mais je t’ai toujours suivi avec un oeil attentif, j’ai versé quelques deniers pour m’offrir ta liquette, plusieurs fois, et crois-le ou non, j’attendais avec impatience, vers Juillet (à l’époque) la tête qu’aurait ce nouveau vêtement qu’on ne changeait alors que toutes les deux saisons. Bien sûr je te connaissais avant, j’avais déjà prétendu être Victor Bonilla dans la cour de récré, et je savais que tu avais fait un tour en National pour des histoires de gros sous. Mais je n’avais pas encore l’âge pour te fréquenter, puis au fil du temps, étant natif de la ville, et n’ayant aucune accroche particulière ni avec l’OM ni avec le PSG, je m’étais mis à te supporter. Je venais chez toi de temps en temps, et j’y ai même travaillé un peu. Mais ça c’était avant.

Pourtant j’te jure, avant je t’aimais fort ma p’tite équipe. Je suivais tes résultats, je faisais signer mes places de match par Achille Emana mais aussi et surtout, j’adorais me revendiquer supporter du TéFéCé. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé les outsiders, les gentils loosers, les oubliés, aller contre le courant. Ma Tortue Ninja préférée, c’était Raphael, pas ce craneur de Leonardo que tout le monde aimait. Et Sangoku? Insupportable, je préférais Végéta. Un foutu hipster ! Mais on s’éloigne puis rassure toi, je me lave tous les jours et déteste la bouffe bio. En tout cas à l’époque, j’aimais ce frisson jusqu’à la dernière journée pour savoir ta position finale. Dans mon lit, ma chaine-hifi à volume minimum, j’écoutais à la radio le résultat de cette ultime rencontre qui déciderait de ton avenir en Division 1. J’hurlais en silence, faisais des roulades sur mon lit parce que tu venais de te maintenir ou de te qualifier en Coupe d’Europe. Oui parce qu’avec toi, j’ai appris le sens du mot ascenseur dans le football. Pas seulement émotionnel, mais comptable aussi. D’abord d’une division à l’autre, puis preuve de ta singularité, d’un extrême à l’autre du classement de D1. Tu as fini 3ème en 2007, puis 17ème en 2008 et 4ème la saison suivante. Imprévisible! Je riais au nez de ce qui disait ne rien comprendre au TFC.

Tout allait bien, et là tout d’un coup… Quoi?  Qu’est ce que tu me fais? Te voilà devenu régulier! Plus de stress, plus de sensations fortes, parce que désormais, je sais tôt, trop tôt ou tu vas terminer. Et le pire… Le pire! Tu me fais le coup du ventre mou, comme un vulgaire Lorient. D’accord, avec l’âge on prend de la bedaine, mais là quand même tu fais fort. En six saisons, tu as réduit ta fourchette drastiquement, naviguant entre la 14ème et la 8ème place. Jamais plus, jamais moins. En six ans! Pas de vagues, pas de hauts, pas de bas. D’ailleurs je dois même te faire une confession, doucement mais surement, je me suis mis à suivre le rugby, ton voisin le Stade Toulousain… Oui mais c’est de ta faute!

Mais bon tu me manques, je ne peux pas le cacher. De ce fait, et au nom de toutes ces années à tes côtés, j’ai une requête un peu étrange à te soumettre: S’il te plait, perds! Oui tu as bien lu, perds. J’aimerai bien revivre ces soirées de Mai à trembler pour toi, à m’inquiéter toute l’année de ton état et à te défendre corps et âmes contre tous ces détracteurs. Puis gagner c’est chiant, fatiguant et les autres équipes ne sont pas toujours d’accord. Garde-toi ça pour la saison suivante et redeviens cette formation crainte par tous pour son irrégularité terrifiante. Allez fais moi plaisir, et on se revoit bientôt au Stadium.