La deuxième journée

Rarement de mémoire de Mathieu Lartot, il avait fait aussi froid durant un tournoi des VI Nations. Les terrains sont enneigés, gelés mais la compétition continue et donc la chronique aussi. Après une première journée finalement assez conforme aux attentes, celle-ci devait être celle de la confirmation. Confirmation que les Anglais l’emportent toujours sans la manière, confirmation que le Pays de Galles s’est trouvé une nouvelle génération aussi talentueuse qu’indisciplinée, confirmation que les Italiens vont nous emmerder jusqu’à la retraite de Parisse, confirmation que les Ecossais seront toujours les valeureux perdants, confirmation que les Irlandais sont toujours de supers sparring-partners et enfin que les Français ne sont jamais totalement rassurants. Les réponses tout de suite.

On a aimé :

• Les Italiens continuent à embêter les équipes réputées plus grosses et menaient 12-6 à la mi-temps face aux Anglais. Mention particulière à la conquête en touche encore impressionnante samedi. Ils ne passent pas loin du nouveau gros coup du tournoi, mais manque de bol en face c’était le XV de la Rose. Soit des mecs qui ont l’habitude depuis des décennies de jouer des matchs pouraves et de s’en sortir avec la victoire. Bravo aux Italiens, surtout avec une charnière vraiment pas top. Julien Dupuy devrait demander la naturalisation.
• L’abnégation écossaise. Emmené par un bon Greig Laidlaw, le XV du Chardon n’a rien lâché dans le match qui l’opposait aux Gallois malgré les évènements (2 cartons jaunes) et une entame de seconde période bien compliquée. Problème, toujours autant de mal à concrétiser les temps forts et à perforer la ligne. Comme dirait Fabien Galthié, des écossais stériles.
• La prestation de Leigh Halfpenny. Tout le monde attendait une grosse prestation de la nouvelle coqueluche George North ou du docteur Jamie Roberts, mais c’est finalement l’arrière de poche qui a guidé son équipe aujourd’hui. Parachuté buteur titulaire après la prestation passable de Priestland face à l’Irlande, il ne s’est pas simplement contenté d’aligner les pénalités. Toujours bien placé dans les attaques, il inscrit deux essais et en offre un troisième et vient prouver si cela était encore nécessaire que le XV du Poireau possède un sacré vivier.

On n’a pas aimé :

• Forcément, le report du match France-Irlande. Premièrement, parce que c’est quand même dingue pour un match d’une telle importance de ne pas avoir les moyens techniques qu’il puisse se dérouler. Ensuite parce que jouer à 21h alors que le thermomètre est en négatif depuis le début de la semaine, c’est complètement c**. Et enfin parce qu’on n’aura pas eu notre dose de Fabien Galthié hebdomadaire.
• Le jeu écossais. S’ils n’ont jamais rien lâché, les joueurs d’Andy Robinson ont très vite semblé à court de solutions. Pas de jeu au pied, et une succession de passes qui ont rarement réussi à dérouter les Gallois. On se dit qu’il y a parfois mieux à faire.
• Comme dit plus haut, la charnière italienne. Gori et Burton ont multiplié les mauvais choix et ont plusieurs fois réduit à néant tout le boulot de leur paquet d’avants. Jacques Brunel s’en est mangé la moustache à quelques reprises.

D’arts et d’essais :

• Visiblement congelé tout seul au fond de la pelouse, Ben Foden n’a pas réussi le meilleur match de sa carrière internationale. Pire, il a une grosse part de responsabilité sur les deux essais italiens. Alors pour séduire les spectatrices, y’a du monde mais après…
• L’essai du fameux Laidlaw. Si les Gallois se sont fait plaisir cette après-midi, l’écossais est venu marquer un essai à la Mike Philipps, malheureusement trop tard.
• Samedi, l’arbitre du match France-Irlande, M.Pearson a annulé la rencontre du fait du terrain impraticable selon lui, la faute notamment à une rencontre programmée à 21h par les organisateurs du tournoi. Pourtant, l’IRB lui-même encourage à jouer dans toutes les conditions. La preuve.

Les déclarations de la semaine :

• « C'est la faute de pearson? Si comité des 6 nations! Maintenant wait and see pour la date de report pffff #déception » A votre avis ? Et oui, Mathieu Lartot sur le réseau social Twitter qui avait visiblement préparé et répété sa vanne toute l’après-midi pour le direct. C’est vraiment pas de chance. Du coup, le présentateur de France Télé s’est déchainé toute la soirée.
• “Gutting to have the game called off last minute! Ended up having a game of touch rugby to try entertain the crowd.” Tommy Bowe toujours sur Twitter. Finalement, c’est des types bien ces Irlandais.
• C’est la décision de l’arbitre, de Mr Pearson, il faut l’accepter parce que voilà il a pris la décision, c’était lui le décisionnaire, il a pris cette décision… » Philippe Saint-André après le report du match, qui souhaite bien nous faire comprendre que lui, il n’y est pour rien.

Les chiffres et anecdotes :

• +11. C’est le faible goal-average des Anglais à l’issue de la 2^ème journée avec deux victoires contre l’Ecosse et l’Italie. Le jeu à l’anglaise a encore de beaux jours devant lui.
• 5/5. Ce sont les statistiques au pied d’Owen Farrell face à l’Italie. 4 pénalités et 1 transformation qui lui valent déjà une comparaison avec Sir Jonny dans la presse anglaise.
• Le saviez-vous ? Le pilier écossais  Murray n’a pas joué ce dimanche, par conviction religieuse. Vous le saviez déjà ? Ah ben oui, c’est la même histoire à chaque compétition internationale.

L’œil de KS :

Weekend réduit dans ce tournoi des VI Nations, et peu d’enseignements à tirer finalement. Si les anglais sont toujours aussi peu convaincants, on peut saluer les remplacements de Stuart Lancaster (Ben Morgan très percutant, Lee Dickson plus rapide dans ses libérations) qui furent salvateurs. Par contre Ben Foden offre les deux essais et a vraiment eu du mal dans ce match. Peut-être l’occasion de laisser sa chance à Mike Brown, très en vue en H Cup avec son club des Harlequins.

Dans l’autre match, les Gallois continuent sur leur lancée et se posent pour le moment comme la meilleure équipe du tournoi, ou du moins celle qui affiche le plus de garanties. Enfin en Nouvelle-Zélande, ils étaient également au dessus et puis… vous connaissez la suite. Le prochain match face à l’Angleterre devrait apporter quelques précisions sur les ambitions que peuvent nourrir les Gallois. Obligés de faire le jeu, il leur faudra s’adapter.

S.K