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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
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Toute l'actualité sportive revisitée par l'équipe Keposport
4 mars 2012

Le dernier combat

Le championnat du monde des poids lourds s’est donc finalement joué ce samedi 03 Mars ! On ne se rend pas bien compte de l’importance de cet affrontement parce que la boxe a quelque peu perdu ses lettres de noblesse mais il y a quelques décennies c’est Ali, Frazier et Foreman qui s’affrontaient pour ce titre, et plus récemment Tyson, Holyfield ou Lennox Lewis. Autant dire le gratin, le haut du panier, le genre d’évènements pouvant réunir des dizaines de millions de téléspectateurs devant leur poste et à peu près autant d’auditeurs près du transistor. Cette fois c’est un français, Jean-Marc Mormeck, qui tentait de ravir ce titre au champion ukrainien Wladimir Klitschko et de rentrer par la même occasion dans l’Histoire en devenant le premier champion du monde poids lourds français (et un des plus vieux à presque 40 ans). Un combat au sommet s’est donc déroulé  à Düsseldorf mais pour beaucoup d’entre vous, ça n’évoque pas grand-chose. Alors avant de vous raconter le combat et son issue, Keposport vous propose une rapide présentation du contexte.

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Chauvinisme oblige, commençons par Jean-Marc Mormeck, dit JMM ou The Marksman. Bon je ne vais pas vous faire sa biographie mais simplement quelques éléments importants pour saisir l’ampleur de l’évènement. Si beaucoup d’observateurs ne donnent pas cher de la peau de Mormeck ce samedi, Jean-Marc n’est tout de même pas un bleu. Il est même déjà champion du monde ! Dans la catégorie des lourds-légers puisqu’il gagne son premier titre contre Virgil Hill en 2002. Après quelques années de règne sur la catégorie il est battu par David Haye et se jure de prendre sa revanche. Pour cela, il prend une quinzaine de kilos pour rejoindre le britannique monté chez les lourds entre temps. Le Français se fait petit à petit une place dans la catégorie reine pour obtenir un combat. Oui mais voilà, Haye est battu par W.Klitschko et dans la foulée annonce sa retraite. Du coup, il ne reste plus à Mormeck d’autres choix que de devenir le challenger numéro 1 pour pouvoir affronter celui qui a mis au tapis celui qu’il voulait mettre au tapis… Vous suivez ? Bon évidemment, JMM n’est plus tout jeune, n’est pas un « vrai » lourd et surtout présente sur le papier un désavantage physique au regard du double-mètre et de l’allonge époustouflante de son adversaire. Mais il a pour lui une détermination impressionnante et une préparation physique à faire passer Rocky Balboa pour une danseuse. C’est notamment grâce à cela qu’il est venu à bout d’opposants réputés très supérieurs comme Hill ou Bell.

Seulement face à lui se dresse Wladimir Klitschko, le géant venu de l’Est. Une vraie tronche de méchant façon Ivan Drago et une domination sans partage sur la catégorie des lourds. Enfin presque sans partage. En effet son grand frère possède le titre WBC (une des fédérations de boxe). Ensemble, les deux règnent donc sur la boxe mondiale et repoussent jusque là tous les prétendants. Et pourtant, ils sont loin de faire l’unanimité, inspirant la plupart du temps l’indifférence. Il faut dire que la fratrie ukrainienne ne déborde pas de charisme et parait un peu trop lisse pour faire se lever les foules, dans un sport où ont évolué des garçons comme Ali ou Tyson aux styles de boxe et de vie bien plus spectaculaires. Pire, on les accuse même de choisir soigneusement leurs opposants pour ne pas être trop mis en danger. Mais les frangins, et notamment Wladimir, on quand même quelques arguments de poids. Profitant de son physique impressionnant (deux mètres donc pour 111 kilos) il a notamment battu à l’unanimité le puncheur David Haye, pourtant pas le premier venu. De plus, s’il n’aime pas recevoir de coups, Klitschko sait cependant les donner et avec une allonge de plus de deux mètres mieux vaut éviter de lui laisser vous chatouiller le menton. On a vu son frère embêté par un Chisora entreprenant et agressif, typiquement le profil de boxeur que n’aiment pas les Klitschko. Malheureusement, pas tout à fait le style de J2M.

Mais qui sait ? Une chose est sûre, Mormeck n’est pas là par hasard et possède évidemment ses chances de l’emporter du fait de sa volonté de fer qui lui a permis de monter dans cette catégorie et de se défaire de Maddalone ou Oquendo sans être tout à fait préparé. Cette fois il a tout donné pour être au rendez-vous et si son adversaire fait l’erreur de ne pas le prendre au sérieux, attention aux surprises. En tout cas s’il y a bien quelque chose qui n’a pas été pris à la légère c’est la com’ autour de ce combat, à commencer par le lieu choisir pour accueillir cet affrontement. C’est en effet l’Esprit Arena qui va recevoir les deux pugilistes et plus de 50 000 spectateurs (plus que pour Rumble in the Jungle entre Foreman et Ali). Pour le reste, pas mal d’opérations marketing, notamment de la part de l’unique diffuseur français du combat. Enfin pour rajouter encore plus de tension à tout cela, il faut repenser rapidement le contexte du combat, initialement prévu pour le 10 Décembre 2011. Sauf qu’au dernier moment, Klitschko doit être opéré d’un calcul rénal et repousse la rencontre. Un geste auquel va peut gouter Mormeck et qui devrait ajouter un peu plus à sa détermination au moment de monter sur le ring.

Puis est arrivé ce fameux combat dont le visionnage m’est gracieusement offert par le diffuseur français. Avec mises en scène, jeux de lumière et le célèbre speaker Michael Buffer, tout était réuni pour un grand évènement. Le combat d’une vie pour Mormeck face à ce colosse, cette montagne ukrainienne. La cloche a donc retenti pour laisser les deux boxeurs face à face, ou pour dire vrai, face à torse. La différence est stupéfiante et d’un bras gauche tendu, le champion en titre n’a aucun mal à tenir Mormeck à distance. Venu des lourds-légers, JMM n’est pourtant pas un puncheur, pas le genre d’oiseau à voler dans les pattes du géant à toute vitesse. Non, il est un tacticien, endurant et encaissant plutôt bien les coups, capable d’attendre la baisse de forme de son adversaire pour monter en régime et l’asphyxier. Sauf que Klitschko n’a aucune envie de se fatiguer et n’a qu’à asséner sa droite massive sur une cible peu mouvante. Rapidement, on souffre pour Mormeck, incapable de passer à travers les bras tentaculaires de son adversaire. Une première fois durant le second round, un coup vient le cueillir pour l’envoyer à genoux et son regard en dit long. Comment s’en sortir ? Lors du troisième round, le Français apparait plus mobile et fidèle à sa réputation de diesel. Oui mais tout ça, Wladimir Klitschko n’en a cure. A la 4ème reprise, il fait pleuvoir un déluge de coups sur sa victime du soir. La garde de Mormeck est brisée par un crochet gauche, et l’Ukrainien en profite pour l’envoyer une dernière fois au tapis. L’arbitre ne prend pas de risque, peut-être de façon un peu hâtive, et arrête Jean-Marc Mormeck, simplement tombé ce soir face à plus fort que lui.

Malheureusement, les prédictions se sont donc révélées exactes. Dépassé, le Français a semblé bien désemparé face au champion du monde, peut-être pas le plus populaire, mais toujours invaincu et pour le moment sans adversaire à la mesure de sa puissance et de sa maitrise…

 

SK, sonné.

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